Le Parc National des Ecrins
Territoire protégé de Haute-Montagne
Le Parc National des Ecrins en quelques chiffres
Le Parc National des Ecrins est le plus ancien des 11 parcs nationaux existant actuellement. Il a vu le jour en 1973 à l’initiative d’alpinistes, de naturalistes et du Club Alpin Français, sur la base de l’ancien parc national de la Bérarde créé une soixantaine d’années auparavant, dans une optique environnementale : protéger la montagne du développement des pâturages qui induisent l’érosion, la déforestation et le ruissellement.
Situé dans les départements de l’Isère et des Hautes Alpes, le Parc National des Ecrins s’étend entre les vallées de la Romanche au nord, de la Guisane et de la Durance à l’est et au sud, et du Drac à l’ouest.
La Barre des Ecrins domine le massif du haut de ses 4102 m d’altitude et plus de 150 sommets dépassent les 3000 m.
Sept vallées constituent les sept régions du parc. On distingue :
- au Nord, l’Oisans et le Briançonnais
- à l’Ouest, le Valbonnais et le Valgaudemar
- au Sud, le Champsaur et l’Embrunais
- à l’Est, la Vallouise
Le parc couvre près de 160 000 ha répartis en 57 300 ha de forêts, 68 800 ha d’alpages et 7 200 ha de glaciers.
Le « cœur de parc”, qui s’étend sur 92 000 ha, représente la zone à protéger par excellence et est donc soumis à une forte réglementation dans ce but.
L’aire d’adhésion est la zone périphérique du parc et 49 communes en font partie.
Les missions du Parc National des Ecrins
A l’origine de sa création en 1973, le parc avait pour vocation la conservation de son patrimoine naturel. Mais au cours du temps, le périmètre de protection s’est élargi au patrimoine paysager et surtout au patrimoine culturel depuis 2006.
La mission principale de protection de la biodiversité passe par la bonne gestion et la conservation des patrimoines dans le cœur de parc, et la valorisation d’activités compatibles avec le respect de la nature dans l’aire d’adhésion.
Bien agir pour la sauvegarde de ce patrimoine naturel nécessite une bonne connaissance et une bonne compréhension de ce territoire. Aussi, les connaissances scientifiques des patrimoines et l’accompagnement de la recherche sont des enjeux primordiaux.
De même, assurer un meilleur fonctionnement des institutions, impliquer les acteurs locaux dans la charte du parc, contribuer aux politiques régionales, nationales et européennes de développement durable et de protection des patrimoines sont des missions incontournables pour agir de manière pérenne.
Enfin, l’accueil et l’information des publics sont importants pour faire émerger une culture de la nature. Des actions éducatives, de sensibilisation à l’environnement et de partage des connaissances sont mises en place notamment dans les Maisons du Parc.
Les Patrimoines du Parc des Ecrins
Le patrimoine naturel
La situation géologique et climatique du Parc National des Ecrins en fait un territoire exceptionnel en termes de richesses biologiques, paysagères et culturelles qu’il est indispensable de conserver de manière durable.
A cheval sur les Alpes du Sud et les Alpes du Nord, le parc s’étend de 710 m à 4102 m d’altitude, ce qui explique l’extrême diversité de la faune et la flore : 2500 espèces végétales et 2200 espèces animales sont recensées parmi lesquelles 75 espèces de mammifères, 235 d’oiseaux, et 1000 de papillons.
Ainsi, on peut croiser le très méditerranéen Lézard Ocellé sur les contreforts sud du Parc, ou avoir la chance d’admirer la Renoncule des Glaciers qui pousse jusqu’à 4000 m d’altitude sur les moraines et les éboulis. Dans une dimension microscopique, des algues unicellulaires sont capables de se développer à la surface de la neige provoquant une coloration rougeâtre des névés, qui témoigne de sa présence.
Le site BIODIV’ECRINS est un atlas répertoriant toutes les fiches des espèces sauvages observées par les agents du parc depuis sa création. On y trouve environ 64 0000 observations réparties en 7 534 espèces sur les 49 communes du parc national. Chaque fiche-espèce comporte une carte avec les nombres et sites d’observations, la répartition selon l’altitude et le mois de l’année, ainsi que des photos et des informations complémentaires. Les fiches-communes répertorient toutes les espèces observées sur chaque commune et la carte de la commune montre les sites d’observations.
Les lacs et les rivières font partie du patrimoine paysager mais ils constituent également une ressource en eau importante. Ces écosystèmes d’altitude sont extrêmement fragiles et peuvent héberger certaines populations qu’il convient de protéger, comme le triton alpestre. Ce batracien autochtone et rare ne supporte pas la concurrence avec les salmonidés, c’est pourquoi on le retrouve dans certains petits lacs qui n’ont jamais été alevinés. Les glaciers, milieux emblématiques de ce territoire de haute montagne, occupent la place centrale du parc. Le glacier de la Girose, accolé au glacier de Mont de Lans, est le plus grand glacier du Parc National des Ecrins couvrant plus de 10% de sa surface glaciaire. Nos challengers locaux, le glacier Blanc et le glacier Noir, arrivent respectivement en 2e et 3e positions.
Le patrimoine paysager
Sous les hautes montagnes du Parc National des Ecrins, on trouve toute une série de paysages façonnés par l’homme au fil du temps pour gagner du terrain sur la montagne et lui permettre de s’établir sur ce territoire, s’y loger, cultiver, et développer des activités.
On voit alors des paysages construits de murets, de terrasses et de canaux d’irrigation, témoins de l’activité agricole. Les espaces agricoles de coteaux sont utilisés comme pâturages et prairies de fauche, les plaines sont le plus souvent utilisées pour les cultures. Les habitats sont principalement localisés dans les vallées, sur le coteaux et dans les plaines, mais on trouve également des habitats isolés utilisés par les bergers. Les forêts sont très présentes et ont aussi un rôle important pour l’économie, avec la production de bois, mais elles participent également à la prévention des risques naturels. Les alpages sillonnés par les troupeaux occupent divers milieux comme les prairies, les pelouses ou les mélezins, entre 1200 et 2800 m d’altitude selon les saisons. L’eau participe au découpage du territoire et nous apparaît sous différentes formes : torrents, mares, lacs d’altitude, cascades, glaciers. Elle contribue à la diversité écologique et est une ressource indispensable à l’économie et aux activités de loisirs.
Les infrastructures sont nécessaires à l’économie locale mais elles modifient fortement les paysages : routes, rails de chemins de fer, lignes électriques ou encore remontées mécaniques deviennent des repères dans le paysage. Il en est de même pour les sites d’activités ou de productions industrielles, d’électricité ou d’exploitation de bois.
Les aménagements de découverte de la montagne forment un réseau qui participe à la mise en valeur de l’ensemble des paysages. Les sentiers, les parkings et les refuges en sont les principaux éléments.
Le patrimoine culturel
De tradition rurale et montagnarde, différents domaines culturels et sociologiques touchant aux pratiques et usages suscitent l’intérêt dans le Parc National des Ecrins. Leurs racines montagnardes font leur singularité.
La haute montagne : l’histoire de l’alpinisme est étudiée selon une approche prenant en compte les pratiques de chasse et de cueillette, les itinéraires et les échanges entre les vallées.
Les paysages de l’eau : on s’intéresse aux pratiques de pêche et à l’histoire de l’alevinage, à la fréquentation des lacs, gorges et torrents, à l’histoire des aménagements hydrauliques et aux usages de l’eau en montagne depuis les captages jusqu’à la distribution.
Les alpages et les pâturages : on se concentre sur l’évolution et les pratiques du pastoralisme puisqu’il façonne le paysage entre vallées et prairies d’altitude. Un recueil des vécus et des usages sur les territoires pastoraux vient compléter cette étude.
Les paysages agricoles : la priorité est donnée aux terrasses, aux prairies de fauche et aux ensembles bocagers de montagne. L’histoire des types de cultures et de l’évolution des types de paysages agricoles et des pratiques en est le fondement.
Le patrimoine bâti : on se focalise sur l’histoire des habitations en sites isolés et des activités d’une société agropastorale (occupations, techniques et modes de construction, circulations et liens avec les villages et les bourgs proches et avec l’espace montagnard en général). Les bâtis remarquables ou représentatifs d’une singularité d’usage de l’espace et de ses ressources complètent ce volet du patrimoine bâti. Les cabanes pastorales sont largement distribuées sur le territoire.
Les actions de recherche scientifique
Pour conserver ce patrimoine naturel d’exception, à l’origine de la création du Parc national, il convient de bien le connaître et donc de l’étudier et le surveiller. Les différents programmes d’inventaire, de suivi ou d’études engagés sur le territoire poursuivent tous cet objectif. Certains se focalisent sur des espèces botaniques emblématiques comme le chardon bleu, la potentille du Dauphiné ou le sabot de Vénus, d’autres étudient les milieux naturels et les espèces sauvages de haute altitude, ou encore participent à la surveillance de l’évolution des paysages.
Le réseau «Lacs sentinelles»
LE RESEAU « LACS SENTINELLES » a vu le jour en 2009, suite à un programme d’étude européen mené par l’Office National de l’eau et des milieux aquatiques, dans le but de préserver des lacs de montagne. Il a pour vocation d’étudier les effets des évolutions climatiques sur ces lacs. Pour cela, il s’est donné pour mission de mieux connaître le fonctionnement de ces lacs et d’identifier les menaces qui pèsent sur eux ; le but étant de définir un plan d’actions de gestion de ces milieux, afin de mieux les préserver.
L’homme influence également de façon plus ou moins directe cet écosystème car les lacs d’altitude n’hébergent pas de poissons et les plus froids sont exempts de végétation aquatique. L’alevinage est pratiqué dans certains lacs à raison de l’enrichissement en une seule espèce par lac. Des lacs récupèrent des déchets comme les rejets de refuges ou les déjections de troupeaux. Ils sont même soumis aux pollutions atmosphériques parfois lointaines.
Coordonné par Asters, Conservatoire d’espaces naturels de Haute-Savoie, le réseau « Lacs Sentinelles » réunit trois types de partenaires. Les gestionnaires d’espaces protégés et de milieux aquatiques (parcs nationaux Ecrins-Vanoise-Mercantour, sites Natura 2000, réserves naturelles nationales et parcs naturels régionaux) sont les acteurs de terrain qui assurent la surveillance.
Les scientifiques et universitaires analysent des données collectées et aident à comprendre le fonctionnement de ces systèmes et les enjeux en présence. Les usagers des lacs d’altitude (associations de pêche, exploitants d’usines hydroélectriques, promeneurs…) apportent leur connaissance historique des sites et des pratiques qui y sont associées et partagent leurs attentes concernant le devenir des lacs.
Dans le Parc National des Ecrins, les lacs concernés sont les lacs de Plan Vianney, de la Muzelle, de Pétarel et le lac des Pisses.
Voir le reportage de Céline Aubert et Dominique Semet sur France3 Alpes, « LES LACS D’ALTITUDE, CES « SENTINELLES » DE L’ENVIRONNEMENT« , réalisé à l’occasion des rencontres du réseau au Bourg d’Oisans en 2015 et illustré par plusieurs extraits du film « Lacs sentinelles ».
Les « Refuges sentinelles »
Les refuges sont les témoins et les acteurs des modifications environnementales mais aussi des transformations sociales et culturelles de la montagne. Ils sont à la convergence des flux de fréquentation de touristes sportifs très attachés à la découverte de la nature et beaucoup offrent déjà une approche éducative de la montagne. Et leur situation reculée en fait des sites privilégiés pour observer la haute montagne.
C’est dans ce contexte d’interactions qu’est né en 2016 le programme “REFUGES SENTINELLES” porté par le Parc National des Ecrins et le Laboratoire d’excellence Innovation & Territoires de Montagne (LabEx ITEM) de l’université Grenoble-Alpes. Ce programme vise à concevoir un dispositif d’observation expérimental du changement en haute montagne basé sur le refuge de montagne comme lieu de mesure, d’observation, de travail et d’échanges entre sciences de la nature et de la société, en prenant en compte à la fois les processus géophysiques, climatiques et biologiques et les pratiques touristiques et sportives.
Parmi les 11 refuges partenaires du parc, les refuges du Pelvoux et Le Kern sont situés en Vallouise.
Les principaux axes de recherche sont côté sciences sociales : les flux de fréquentation, l’évolution des pratiques sportives et des métiers touristiques, et côté sciences de la nature : la météorologie, la climatologie, la biodiversité, la géomorphologie, les risques et la sécurité. Ils sont mis en œuvre dans les refuges partenaires du parc, sous forme d’enquêtes et de collecte de données quantitatives et qualitatives, d’observations in situ, de photo-constats ou encore d’ateliers collaboratifs associant professionnels de la montagne, pratiquants et usagers des refuges.
Des séjours itinérants s’appuyant sur ce programme sont encadrés par un accompagnateur en montagne pour participer aux recherches en cours. Ce mode d’écotourisme à vocation scientifique propose de réaliser des observations de la flore et des mouvements géologiques, et de collecter ces données dans des applications spécifiques.
Le suivi des glaciers
Les glaciers sont des éléments emblématiques du paysage de la haute montagne, dont l’évolution est importante pour la ressource en eau des vallées et peut être visible à l’échelle de quelques années seulement. Depuis le début des années 2000, le Parc National des Ecrins a mis en place des programmes de suivi des glaciers, avec le soutien de L’Institut des Géosciences de l’Environnement (ex-Laboratoire de Glaciologie et de Géophysique de l’Environnement) de Grenoble et de l’INRAE Lyon-Grenoble Auvergne-Rhône-Alpes (ex-l’Irstea).
Depuis 1980, les agents du parc réalisent des mesures sur plusieurs glaciers et les données accumulées sur le long terme contribuent aux études sur les changements climatiques globaux. Des séries photographiques effectuées depuis le même emplacement et selon le même cadrage permettent de suivre l’évolution des paysages qui s’avère parfois spectaculaire, comme au glacier Blanc ces dernières années. Les glaciers rocheux, comme le glacier Noir et le glacier du Laurichard sont surveillés par des relevés topographiques annuels qui mesurent l’évolution du front des glaciers.
Depuis 2004, les 460 ha du glacier Blanc font l’objet d’une attention particulière. Le glacier Blanc est le plus long glacier du massif des Ecrins avec près de 5500 m le long. Il prend naissance à 4015 m d’altitude au sommet du Dôme des Ecrins, sur le versant nord de la Barre des Ecrins, et s’étire jusqu’à environ 2450 m.
Le recul glaciaire, qui s’est accéléré depuis 35 ans avec une perte de 760 m de long, est calculé chaque année avec 2 séries de mesures, en fin d’hiver et en fin d’été. Mi-mai, l’accumulation de glace fabriquée durant la saison hivernale est calculée. Fin septembre, la fonte de glace est estimée au niveau du front du glacier. Ainsi, le résultat de l’accumulation moins la fonte donne le bilan de masse du glacier qui reflète son bilan de santé.
Depuis l’inventaire réalisé en 1971 sur l’ensemble des Alpes françaises, la surface moyenne des glaciers aurait diminué de 26 %. Dans le massif des Ecrins, le retrait glaciaire est de 37% : c’est 3 fois plus que dans le massif du Mont Blanc. Mais cela s’explique par des sommets moins élevés dans les Ecrins et par la proximité avec la mer Méditerranée qui apporte une certaine douceur climatique.
La réserve intégrale du Lauvitel
LA RESERVE INTEGRALE DU LAUVITEL est un espace au sein duquel la présence humaine est extrêmement limitée, et donc elle subit très peu de perturbations extérieures. Créée en 1995, elle a pour vocation le suivi de la dynamique naturelle d’écosystèmes peu soumis à l’action de l’homme, et se situe en Oisans sur une zone 700 ha attenante au lac de Lauvitel. Seuls les chercheurs peuvent y accéder pour des raisons scientifiques. Ce laboratoire à ciel ouvert s’intéresse à trois grands domaines : la faune et la flore, l’étude des milieux, et le suivi de mesures physiques au niveau du lac. Pour parvenir à identifier les espèces vivantes, le Parc National des Ecrins s’appuie sur ses agents mais aussi sur un vaste réseau d’experts comprenant des chercheurs, des naturalistes, des gardes-moniteurs mais aussi des guides de haute montagne. Depuis le début de l’inventaire en 2013, 38 spécialistes et une dizaine d’agents du parc sont mobilisés.
Compte-tenu de la diversité de mode de vie et d’habitat des insectes, il existe différentes façons de les repérer : l’observation directe, les pièges semi-enterrés pour les insectes du sol et les pièges lumineux pour les nocturnes. Des enregistreurs sonores sont également utilisés.
Outre le suivi d’espèces, de nouvelles espèces ont été identifiées pour la première fois au monde (2 guêpes, 1 champignon, 1 lichen), d’autres pour la première fois en France, d’autres encore ont été revues après 50 ans de disparition. La canopée a été investie pour la première fois en 2020 : l’occasion de découvrir de nouveaux trésors…
Au total, 2628 espèces animales et végétales, champignons, mousses et lichens ont été observées à ce jour, dont 1069 espèces d’insectes. Ce dernier groupe, très majoritaire dans la réserve et ailleurs, ne serait pour l’instant connu qu’à 50 % de la réalité qu’il occupe dans la biodiversité du site, selon les experts.
L’étude des milieux concerne l’évolution du vallon en général, comme son histoire à travers l’étude des sédiments lacustres, ou bien l’histoire de sa forêt grâce à l‘étude de petits charbons de bois qui reflètent la population d’arbres et arbustes dont ils sont issus. Cette forêt est devenue le modèle de référence idéal d’une forêt redevenue vierge puisque non exploitée depuis 100 ans. Petits et grands arbres, jeunes et vieux, se côtoient et le bois mort qui reste sur place favorise une extrême biodiversité. L’évolution des pelouses est réalisée sur 3 zones d’altitude différentes, analysées à plusieurs années d’intervalle, dans lesquelles on se focalise sur la diversité végétale ainsi que sur la surface et le volume occupés par chaque espèce. Des variations d’espèces végétales non attendues suggèrent que deux facteurs sont venus perturber les prairies : les chamois viennent se restaurer et endommagent certaines pelouses, et les avalanches empêchent l’installation pressentie de certaines espèces végétales.
Le dernier domaine d’étude concerne les mesures physiques afférentes au lac. Une étude topographique du fond du lac a été réalisée avec quelque 700 points de mesure. Les scientifiques disposent maintenant d’une carte précise du lac, atteignant 65 m de profondeur. Des relevés quasi en temps réel de température et de niveau du lac sont effectués par capteurs. L’énorme variation de niveau été / hiver pouvant aller jusqu’à 30 m, et pouvant atteindre 1 m par jour en juin, s’explique par la fonte des neiges et dans une moindre mesure par la pluviométrie. Le lac est aussi étudié en tant que barrage naturel formé vraisemblablement par un éboulement. Une station météorologique a été mise en place en 2002 complète les études.
Etude de la faune
Le cœur du parc est classé dans le réseau européen Natura 2000 pour la protection et la conservation d’une douzaine d’oiseaux. Les oiseaux concernés sont le LAGOPEDE ALPIN (enjeux prioritaires en terme de démographie et de protection des zones de nidification), l’AIGLE ROYAL, la Chevêchette d’Europe, la chouette de Tengmalm, le crave à bec rouge, la gélinotte des bois, le gypaète barbu, la perdrix bartavelle, le TETRAS LYRE, le vautour fauve, le circaète Jean-le-Blanc et le pic noir. De grandes opérations de comptage, auxquelles le public peut participer, sont organisées en août pour les vautours et en octobre pour le gypaète barbu. Une quarantaine de couples d’aigles royaux est dénombrée actuellement.
La faune aviaire des prairies fait également l’objet d’un suivi, notamment le RALE DES GENETS et tarier des prés.
Des colonies de BOUQUETINS ont été réintroduites. Des comptages sont réalisés chaque année et un programme de localisation GPS est en cours, permettant de suivre les individus équipés d’un collier émetteur. Un programme de suivi par certaines écoles est mis en place.
Le CHAMOIS sert d’indicateur pour prévenir le risque de transmission de maladies entre la faune et les troupeaux domestiques. Le suivi prend en compte le nombre d’individus, le taux de reproduction de la population et son état sanitaire.
Le LIEVRE VARIABLE, autre espèce emblématique de la haute montagne, est également sous surveillance. une étude démographique est réalisée à partir de crottes récoltées sur la neige en hiver par analyse génétique.
Plusieurs espèces de chauves-souris font partie des animaux d’intérêt pour le territoire : la BARBASTELLE, le grand et le petit murin, le grand et le petit rhinolophe, le minioptère de Schreibers, le murin à oreilles échancrées, le murin de Bechstein. Certains de leurs gîtes sont sous-vidéosurveillance et certains territoires de chasse sont soumis à une veille acoustique; ces techniques ont le gros avantage de ne créer aucune nuisance.
Mais il faut pouvoir comparer les données de la faune du parc par rapport à d’autres territoires non protégés. C’est pourquoi, le parc collabore à de nombreux réseaux tels que l’Observatoire des galliformes de montagne, l’Observatoire de la grande faune et de ses habitats ou encore le Réseau grands carnivores de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage pour le suivi des deux grands prédateurs que sont le LOUP et le lynx.
Le Parc National des Ecrins offre un paysage varié s’étendant des prairies jusqu’à la haute montagne, en passant par les alpages et les forêts. Ce contexte climatique favorise le développement d’une large gamme d’espèces végétales. Outre les inventaires floraux réalisés à travers divers programmes de recherche et de conservation du parc, certaines espèces suscitent un intérêt particulier.
C’est le cas d’espèces rares comme le chardon bleu ou REINE DES ALPES, qui est étudiée dans la Réserve biologique dirigée des Deslioures, dans le vallon du Fournel. Ce site constitue actuellement le plus grand regroupement de chardons bleus en Europe. La POTENTILLE DU DAUPHINE bénéficie également d’un suivi du à sa rareté.
Des espèces méridionales caractéristiques des Alpes du Sud sont aussi à l’étude, parmi lesquelles des plantes de pelouses et gazons comme le genévrier thurifère, le NARD ou la laiche toujours verte ou des essences des forêts d’altitude comme le MELEZE et le pin arolle.
Le programme de recherche « Ecologie verticale », développé par le laboratoire d’écologie alpine étudie la répartition et l’histoire évolutive d’espèces caractéristiques des milieux alpins : les plantes en coussin de haute montagne, comme la saxifrage musquée et la SILENE ACAULE, accrochées aux parois escarpées en haute montagne.
Un autre programme a pour objectif d’étudier les changements de conditions climatiques à travers le suivi biologique des mousses des tourbières : les sphaignes.
Des organismes vivants dans l’eau sont aussi étudiés : le phytoplancton des eaux douces et la surprenante Chlamydomonas nivalis, une algue microscopique des glaciers.
A la découverte du Parc des Ecrins
Les Maisons du Parc
On compte sept Maisons du Parc, une par région, ainsi que d’autres points d’information saisonniers. La MAISON DU PARC DE VALLOUISE est ouverte toute l’année; le chalet d’accueil du Pré de Mme Carle est ouvert en juillet et août.
Des programmes de découverte du parc sont proposés au public sur la base de visites thématiques, d’animations et de conférences. On trouve également des expositions permanentes et temporaires et des salles de projection, des supports de découvertes spécifiques et réalisés par les agents, ainsi qu’une librairie spécialisée sur la nature et la montagne contenant des ouvrages édités par le parc. Les Maisons du Parc sont donc des lieux privilégiés dans lesquels le personnel et les gardes-moniteurs présents apportent également une aide à la préparation des randonnées.
Les sorties découvertes encadrées
Le Parc National des Ecrins a mis en place une centaine de sorties encadrées par des guides ou accompagnateurs partenaires du parc, dans le but de faire découvrir en toute sécurité les patrimoines naturels, culturels et paysagers, et des savoir-faire locaux. Les programmes varient selon les saisons et les régions du parc.
Différentes thématiques sont au cœur de ces balades : faune, flore, géologie, glaciers, lacs, cascades, patrimoine culturel, sécurité. Au printemps, des sorties de découverte de la faune et la flore sont proposées, comme la rencontre avec le sonneur à ventre jaune, petit crapaud, rare et protégé, près d’Embrun, ou bien l’observation des oiseaux migrateurs au-dessus de la Durance. En été, une sortie botanique est organisée autour de la cueillette de plantes sauvages qui serviront à la préparation d’un repas partagé le soir en gîte en Oisans. En Vallouise, on pourra découvrir des fossiles d’animaux marins sur les hauteurs de la Blanche à quelque 2300 m d’altitude.
Tout un éventail de sorties sportives est également proposé : des randonnées pédestres, VTT, raquettes ou ski, de jour ou en nocturne, parfois couplées à des dîners pour profiter de la cuisine locale, ou encore des sorties sur parois rocheuses (escalade, via ferrata, alpinisme).
La réglementation dans le coeur du Parc National des Ecrins
Afin de préserver le caractère du parc, ce territoire est soumis à une réglementation particulière qui encadre plus ou moins fortement certaines activités afin de s’assurer de leur compatibilité avec la préservation du patrimoine naturel, culturel et paysager. Pensez à bien vous renseigner sur la réglementation avant de partir en balade.
Des drapeaux bleu-blanc-rouge peints sur des rochers matérialisent les limites du cœur du parc.
Pas de chien, même tenu en laisse ou porté sur soi, pour la tranquillité des animaux sauvages et des troupeaux.
Pas de cueillette de végétaux, ni de prélèvement de fossiles et minéraux.
Pas de chasse : tous les animaux sont protégés.
Pas de dépôt de déchets dans la nature.
Pas de feu pour éviter le risque incendie et ne pas détériorer les sols.
Ne pas nourrir les animaux sauvages : ils doivent garder leur comportement sauvage face à l’homme et il en va de leur bonne santé !
Ni bruit, ni dérangement pour la quiétude de tous.
Pas de camping pour éviter toute pollution et préserver les sites.
Le bivouac (tente ou un campement sommaire pour une seule nuit, du coucher du soleil au lendemain matin) est autorisé entre 19h et 9h à au moins une heure de marche des limites du parc ou d’un accès routier. Si le campement est installé à moins d’une heure de marche, il doit être fait à proximité de refuges fréquentés des itinéraires de grande randonnée (le Pré de la Chaumette, aux abords du lac de la Muzelle à Venosc et au Pré des Selles aux abords du lac Lauvitel au Bourg d’Oisans).
Pas de véhicule en dehors des voies autorisées.
Pas de VTT pour la conservation des sentiers.
L’utilisation de drones est interdite.
La marque Esprit Parc
Née en 2015, la marque Esprit Parc National valorise les hommes et les femmes qui, au sein des parcs nationaux, partagent leur passion pour leur territoire, leur savoir-faire et la nature. Elle atteste que les produits et les services proposés s’inscrivent dans un processus écologique qui préserve la biodiversité et les patrimoines.
Crédits photos : Clot Saint Joseph / Parc National des Ecrins